[ La version française suit ]
The Hon. Arif Virani
Minister of Justice
The Hon. Mark Holland
Minister of Health
The Hon. Ya’ara Saks
Minister of Mental Health and Addictions
Dear Ministers,
We offer our congratulations on your new portfolios. We appreciate that with these roles come additional responsibilities and commitments. We want to thank you for the work you do on behalf of all Canadians in these important areas.
We are writing today out of our deep concern about Medical Assistance in Dying and the coming expansion to people with mental illness as their sole underlying medical condition in March 2024.
Statistics Canada just released
data that indicates more than 5 million Canadians met the criteria for a mental disorder in 2022. This study indicated a significant increase in Canadians experiencing mental disorders such as depression and anxiety. Among young women 15 to 24 years of age, the prevalence of major depressive disorder doubled from 2012 to 2022, and generalized anxiety disorder tripled.
This expansion is set to come at a time when many Canadians who struggle with their mental health are unable to afford or access the mental health care they need, when they need it. Of those Canadians who met the criteria for a mental disorder, only half had spoken to a health professional about their mental health treatment that year,
according to Statistics Canada. It is disturbing that 29% of Canadians now cite affordability as a reason not to access mental health services, up from 18%,
according to Mental Health Research Canada polling.
Testimony at the Special Joint Committee on MAID indicated waitlists for specialized mental health treatment can be months to years long. The assessment period for track two MAID is three months.
The Prime Minister described Canada’s health care systems as “strained, if not broken right across the country in many, many ways” in a
year end interview last year. To expand MAID eligibility further when the health care system is not functioning well seems particularly egregious. The MAID regime depends heavily on medical professionals’ subjective assessment, at a time when healthcare professionals are difficult to access and may not have adequate time with patients. This reality is even more concerning given the immense additional complexity of mental health.
After the March 2024 expansion, what will be the safeguards for a severely depressed 18-year-old young woman who wants to end her life via MAID? We note that:
- There are no specific legislated safeguards for MAID for mental illness.
- There is no legal requirement that she has received treatment for a certain length of time, that she has received all reasonable treatment options, or even received any treatment.
- Unlike other jurisdictions which allow MAID for mental illness, she can refuse reasonable treatment that doctors believe may help and still be eligible for MAID.
- “Serious and irremediable” are very subjective, defined by the patient and the doctors who assess her.
In its
Final Report, the Expert Panel on MAID and Mental Illness commissioned by the government stated,
“Because underlying pathology is unknown for the vast majority of mental disorders, incurable and irreversible are difficult terms to apply and are not commonly used in clinical practice when speaking about mental disorders. There is limited knowledge about the long-term prognosis for many conditions, and
it is difficult, if not impossible, for clinicians to make accurate predictions about the future for an individual patient.” (emphasis added)
One of the main reasons that a
special committee on the evolution of the End-of-Life Care Act recommended to the National Assembly of Quebec last year that it
not extend MAID to persons whose only medical condition is a mental disorder is the lack of consensus on incurability and irreversibility of decline. The committee explained its reasoning in this way, “Given the irremediable nature of medical aid in dying, the persistent doubts about the incurability of mental disorders lead us to exercise the greatest caution.” (p. 57) In fact, Quebec passed
Bill 11 in June 2023 which specifically excludes a mental disorder, other than a neurocognitive disorder, as an illness for which a person can request MAID.
This expansion will have the greatest impact on marginalized Canadians. The lives of people in vulnerable situations will be more at risk when Canadians become eligible for MAID on the basis of mental illness. Canadians who cannot afford or cannot access treatment will be more likely to request MAID.
It should not be easier to obtain MAID than it is to obtain mental health care or other needed medical or social supports. MAID must not serve as Canada’s response to a lack of essential care and supports. It must not serve as Canada’s response to those who suffer.
It is unconscionable that MAID will become available to Canadians whose very illnesses may include symptoms of despair, hopelessness, and a belief that their situation won’t change for the better; who have not tried all reasonable treatments or who may not have had access to treatment.
We urge you to stop the expansion of MAID when mental illness is the sole medical condition, which will take effect in March 2024.
Sincerely,
Julia Beazley
Director, Public Policy
L'honorable Arif Virani
Ministre de la Justice
L'honorable Mark Holland
Ministre de la Santé
L'honorable Ya'ara Saks
Ministre de la santé mentale et des toxicomanies
Madame et Messieurs les ministres,
Nous vous félicitons de votre nomination à vos nouveaux portefeuilles. Nous sommes conscients que ces fonctions s'accompagnent de responsabilités et d'engagements supplémentaires. Nous tenons à vous remercier pour le travail que vous accomplissez au nom de tous les Canadiens dans ces domaines importants.
Nous vous écrivons aujourd'hui parce que nous sommes profondément préoccupés par l'aide médicale à mourir et par l'extension prochaine, dès mars 2024, de cette aide aux personnes dont la maladie mentale est la seule condition médicale sous-jacente.
Statistique Canada vient de publier des données qui indiquent que plus de 5 millions de Canadiens répondaient aux critères d'un trouble mental en 2022. Cette étude indique une augmentation significative du nombre de Canadiens souffrant de troubles mentaux tels que la dépression et l'anxiété. Chez les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans, la prévalence du trouble dépressif majeur a doublé entre 2012 et 2022, et celle du trouble anxieux généralisé a triplé.
Cette expansion interviendra à un moment où de nombreux Canadiens, aux prises avec des problèmes de santé mentale, n'ont pas les moyens d'accéder aux soins de santé mentale dont ils ont besoin, au moment où ils en ont besoin.
Selon Statistique Canada, parmi les Canadiens qui répondaient aux critères d'un trouble mental, seule la moitié avait parlé à un professionnel de la santé de leur traitement de santé mentale cette année-là. Il est inquiétant de constater que 29 % des Canadiens citent désormais l'accessibilité financière comme raison de ne pas accéder aux services de santé mentale, alors qu'ils n'étaient que 18 % à le faire
selon un sondage de Recherche en Santé Mentale Canada.
Les témoignages recueillis par le Comité mixte spécial sur l’AMM indiquent que les listes d'attente pour un traitement spécialisé en santé mentale peuvent durer des mois, voire des années. La période d'évaluation pour la deuxième voie de l’AMM est de trois mois.
L'année dernière, lors d'une
interview de fin d'année, le Premier ministre a décrit les systèmes de soins de santé du Canada comme étant « mis à rude épreuve, voire brisés, à travers tout le pays, et ce, à de très nombreux égards ». Élargir encore l'admissibilité à l’AMM alors que le système de santé ne fonctionne pas bien semble particulièrement mal avisé. Le régime de l’AMM dépend fortement de l'évaluation subjective des professionnels de la santé, à un moment où ces derniers sont difficiles d'accès et n'ont pas toujours le temps de s'occuper des patients. Cette réalité est encore plus préoccupante compte tenu de l'immense complexité supplémentaire de la santé mentale.
Après l'élargissement de mars 2024, quelles seront les garanties pour une jeune femme de 18 ans gravement déprimée qui souhaite mettre fin à ses jours par le biais de l’AMM? Nous constatons que :
- Il n'existe pas de garanties législatives spécifiques pour l'AMM en cas de maladie mentale.
- La loi n'exige pas qu'elle ait reçu un traitement pendant une certaine durée, qu'elle ait bénéficié de toutes les options de traitement raisonnables, ni même qu'elle ait reçu un quelconque traitement.
- Contrairement à d'autres juridictions qui autorisent l’AMM pour les maladies mentales, elle peut refuser un traitement raisonnable que les médecins estiment pouvoir l'aider et être quand même admissible à l’AMM.
- Les termes « grave et irrémédiable » sont très subjectifs, définis par le patient et les médecins qui l'évaluent.
Dans son
Rapport final, le groupe d'experts mandaté par le gouvernement pour faire rapport sur l’AMM et la maladie mentale a déclaré :
« Puisque la pathologie sous-jacente est inconnue pour la grande majorité des troubles mentaux, les termes incurable et irréversible sont difficiles à appliquer et ne sont pas couramment utilisés dans la pratique clinique, lorsque l’on parle de troubles mentaux. Les connaissances sur le pronostic à long terme de nombreuses maladies sont limitées et
il est difficile, voire impossible, pour les cliniciens de formuler des prévisions précises sur l’avenir d’un patient donné. (accentuation ajoutée)
L'une des principales raisons pour lesquelles une
commission spéciale sur l'évolution de la Loi concernant les soins de fin de vie a recommandé l'an dernier à l'Assemblée nationale du Québec de ne pas étendre l’AMM aux personnes dont la seule condition médicale est un trouble mental est l'absence de consensus sur l'incurabilité et l'irréversibilité du déclin. La commission a expliqué son raisonnement de la façon suivante : « Vu le caractère irrémédiable de l’aide médicale à mourir, les doutes persistants sur l’incurabilité des troubles mentaux nous amènent à faire preuve de la plus grande prudence. » (p. 59) En fait, le Québec a adopté en juin 2023 le
projet de loi 11 qui exclut spécifiquement les troubles mentaux, autres que les troubles neurocognitifs, des maladies pour lesquelles une personne peut demander l'AMM.
Cet élargissement aura le plus grand impact sur les Canadiens marginalisés. La vie des personnes en situation de vulnérabilité sera davantage menacée lorsque les Canadiens deviendront admissibles à l'AMM sur la base d'une maladie mentale. Les Canadiens qui n'ont pas les moyens ou l'impossibilité d'accéder à un traitement seront plus enclins à demander l'AMM.
Il ne devrait pas être plus facile d'obtenir l’AMM que d'obtenir des soins de santé mentale ou d'autres soutiens médicaux ou sociaux nécessaires. L’AMM ne doit pas être la réponse du Canada à un manque de soins et de soutiens essentiels. Elle ne doit pas être la réponse du Canada à ceux qui souffrent.
Il est inadmissible que l’AMM devienne accessible à des Canadiens dont la maladie même peut inclure des symptômes de désespoir et la conviction que leur situation ne changera pas pour le mieux; qui n'ont pas essayé tous les traitements raisonnables ou qui n'ont peut-être pas eu accès à un traitement.
Nous vous demandons instamment de mettre un terme à l'expansion de l'AMM lorsque la maladie mentale est la seule condition médicale, qui entrera en vigueur en mars 2024.
Nous vous prions d'agréer, Madame et Messieurs les ministres, l'expression de nos salutations distinguées,
Julia Beazley
Directrice, Public Policy
Author:
Julia Beazley